Pollution & Santé

Les pics de pollution de l’air accélèrent la diffusion du coronavirus


C’est un avertissement pour les pics de pollution prévus sur la région parisienne ces jours-ci : les particules fines d’origine naturelles ou anthropiques véhiculeraient les virus, favorisant ainsi leur dispersion. La pandémie de Covid-19 apporte de nouvelles connaissances sur cet effet imprévu de la pollution de l’air.

Il y a encore des doutes mais le faisceau de preuves se resserre. Les particules fines de moins de 10 microns (PM10) et de moins de 2,5 microns (PM2,5) pourraient bien servir de mode de transport pour les virus en général, l'actuel SARS-CoV-2 en particulier. C’est ce que suggère une équipe interdisciplinaire de l’Université de Genève (UNIGE) et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich. Les fortes concentrations de ces aérosols dans l’air peuvent moduler, voire amplifier les vagues de contamination du coronavirus SARS-CoV-2 en lui servant de vecteur de dissémination, selon leurs résultats qui viennent d’être publiés dans Earth systems and Environment.

Les climatologues Mario Rohrer et Markus Stoffel et l’épidémiologiste Antoine Flahaut partent de plusieurs constats d’un lien étroit entre des épisodes de pollution et de brusques poussées de contaminations. Le 23 février 2020, une importante tempête de sable en provenance du Sahara a touché les îles Canaries. Le lendemain, un touriste originaire d’une région à risque du nord de l’Italie tombe malade. Il est testé positif au Covid-19 à l’hôpital local. "Dans les jours suivants, plusieurs autres touristes de différents hôtels ont eu aussi contracté la maladie et on pense que les particules ont diffusé le virus comme elles le font déjà avec les spores du champignon microscopique Aspergillus", raconte Mario Rohrer. La présence de ces spores a déjà été constatée à maintes reprises et a fait l’objet de nombreuses études scientifiques qui montrent d’ailleurs que ces particules biologiques ont un également un effet délétère sur la santé humaine. De même, des études menées à Pékin (Chine) en 2016 et dans la province du Jinan en 2019 ont montré que les particules fines provenant de l’activité humaine cette fois pouvaient propager le virus de la grippe.

Des coïncidences troublantes entre pics de pollution et hospitalisations

Alors pourquoi pas le coronavirus ? Car les chercheurs ont trouvé deux autres cas troublants d’une corrélation entre des pics de pollution et une soudaine diffusion du coronavirus. Autour du 24 février 2020, le canton de Ticino en Suisse a subi une forte hausse de la pollution par les PM2,5 du fait d’un phénomène d’inversion thermique, les températures au sol étant ce jour-là de 0,3 °C dans le fond des vallées contre 12 °C sur les hauts des pentes. Dans les jours suivants, la région a connu une forte hausse des hospitalisations aggravée par ailleurs par la concentration de 150.000 personnes venues fêter le carnaval. Au même moment, à Zurich, à 178 kilomètres de là, il n’y a eu ni pic de pollution, ni augmentation des hospitalisations pour cause de Covid-19.

Derniers exemples enfin, ceux des métropoles de Londres et Paris.

Publication complète (Fr) : Sciences et Avenir Publié en Novembre 2020

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