Début avril, Respire a obtenu du parquet de Paris l'ouverture d'une enquête préliminaire visant la RATP pour « tromperie et blessures involontaires » dues à la mauvaise qualité de l'air à l'intérieur du métro. Un mois et demi plus tard, mardi 23 mai, cette même association présentait, avec l'équipe de l'émission « Vert de rage », diffusée sur France 5 (1), de nouveaux résultats confirmant la gravité de la situation.
Dans le viseur, des particules PM2,5, d'un diamètre inférieur à 2,5 microns (au moins 20 fois plus petit que celui d'un cheveu) et qui s'infiltrent profondément dans les poumons. Les journalistes ont mesuré cinq à dix minutes, aux heures de pointe, leur concentration sur les 435 quais des 332 stations de métro et RER de Paris et de la petite couronne.
Pour chacun d'entre eux, ils ont également procédé à des mesures en surface, afin de distinguer la pollution « importée de l'extérieur » de la « pollution excédentaire » générée par les trains, notamment due à l'usure des freins et des pneumatiques. .
Ligne 5, la plus polluée
Réalisée avec des capteurs mobiles déjà utilisés par une trentaine de villes européennes, cette étude montre que l'excès de pollution provoqué par le trafic des métros et RER est en moyenne de 10,5 µg/m3, soit deux fois plus élevé que le seuil fixé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). ) tolère l'extérieur (il n'existe pas de norme pour les espaces intérieurs). Si l'on ajoute la pollution extérieure qui s'infiltre dans les gares, via notamment la ventilation, aux émissions liées à la circulation des trains, le taux moyen est cinq fois supérieur aux recommandations de l'OMS.
« Certaines lignes, comme la 5 ou le RER A, sont plus polluées que d'autres, estime Mathilde Cusin, co-directrice de « Vert de rage ». De même, certaines stations présentent des concentrations spectaculaires de particules PM2,5, comme à Belleville, où le taux est douze fois supérieur à la norme de l'OMS. »
Fer et manganèse, les principaux métaux détectés
L'étude a été complétée par l'utilisation de filtres nasaux portés par 43 usagers (durée moyenne du trajet, soit 36 minutes) et 12 conducteurs de la RATP (sur un service de 6,5 heures). L'analyse de ces filtres a révélé une forte concentration de métaux lourds. Les taux étaient plus élevés chez les utilisateurs que chez les conducteurs, qui sont cependant exposés plus longtemps à ces particules.
Principaux métaux retrouvés : le fer (avec des concentrations vingt fois supérieures à celles des usagers témoins n'utilisant ni le métro ni le RER) et le manganèse. "La teneur moyenne en manganèse est 2,6 fois supérieure à la valeur toxicologique de référence (2), constate Joël Poupon, toxicologue à l'hôpital Lariboisière qui a réalisé l'analyse des filtres.
« Les particules fines sont susceptibles de provoquer des pathologies ou des irritations des voies respiratoires et des poumons », poursuit-il. Une étude menée en 2019 par l'Observatoire régional de la santé et Airparif estime à 6 220 le nombre de décès liés à une exposition prolongée aux particules PM2,5 en Île-de-France.
Ventilation, freinage et filtrage des particules
La RATP, qui effectue ses propres mesures en continu dans cinq stations et qui, sur son site Internet, évoque « une bonne qualité de l'air dans l'ensemble », conteste la fiabilité de ces résultats. Même si l'étude a été encadrée par un membre de l'association Respire qui se trouve être directeur de recherche au laboratoire de physique et chimie de l'environnement du CNRS.
L'autorité des transports met aussi et surtout en avant les efforts menés pour limiter les émissions de particules fines : déploiement du freinage électrodynamique (utilisant les moteurs électriques des trains pour ralentir leur vitesse), plan d'investissement de 57 millions d'euros pour améliorer la ventilation ou encore innovations des dispositifs pour filtrer les particules ou les fixer sur les pistes.
Article Complet (En) : Time.news